La guerre en Ukraine: « Les Russes veulent une solution qui soit négociée »

« Ni Zelensky, ni les Européens ne sont prêts à s’engager dans un processus de négociation »

Interview de Jacques Baud*

Zeitgeschehen im Fokus: L’Occident continue de penser, notamment les médias occidentaux et les soi-disant experts militaires, qu’avec suffisamment d’armes, l’Ukraine pourrait vaincre la Russie. Combien de temps la guerre peut-elle encore durer ? On a toujours dit que l’Ukraine était à court de soldats ?

Jacques Baud Fondamentalement, cette position est fausse. On le voit à Gaza : ce n’est pas l’armement qui est le principal facteur de la victoire, mais la manière de combattre. En Occident, nous avons toujours compris la guerre comme un phénomène matériel et quantitatif. En réalité, même si la technique et la technologie ont un rôle important, c’est avant tout la détermination, ainsi que l’adéquation de la stratégie aux objectifs, aux ressources et à leur coordination qui sont déterminantes.

Les Palestiniens parviennent à tenir en échec l’armée que l’on disait être la plus puissante, la mieux équipée, la plus moderne et la plus brutale du Proche-Orient. Les Talibans ont réussi à tenir en échec la soi-disant plus puissante alliance militaire du monde. Les Houtis parviennent à franchir sans problèmes l’invulnérable DOME DE FER israélien. Les puissants avions français Rafale de l’Inde ont été en infériorité face aux chasseurs J-10C chinois utilisés par le Pakistan, provoquant la chute de Dassault Aviation sur les marchés boursiers.1

En mars 2023, dans la NZZ, Marcus Keupp, « expert » militaire de l’École Polytechnique Fédérale de Zurich, calcule le taux d’attrition des blindés de l’armée russe et conclut qu’elle n’en aura tout simplement plus en octobre 20232 elle et que cela conduira à la défaite de la Russie.3 Deux ans plus tard, on constate que l’experts avait menti, puisqu’à la même époque, un rapport du commandement des forces américaines en Europe (EUCOM) affirmait exactement le contraire.4

En septembre 2023, des militaires ukrainiens alors en formation en Allemagne, confient au Kyiv Independent que « la formation les a préparés à une guerre qui n’existe pas en Ukraine. Ils ont déclaré que les officiers de l’OTAN ne comprenaient pas la réalité sur le terrain.5 » Les problèmes de l’armée ukrainienne sont plus profonds.

Les chars Leopard 2 allemands n’ont jamais été utilisés comme ils le devraient et sont devenus un échec retentissant pour l’aide allemande à l’Ukraine.6 Selon les médias occidentaux, les HIMARS américains ont été « complètement inefficaces ».7 Les obus « intelligents » américain M-982 EXCALIBUR de 155 mm ne sont plus fournis à l’Ukraine parce qu’ils ne touchent pas leurs cibles.8

Les Occidentaux n’ont strictement rien compris dans cette guerre, ni au niveau technique, ni au niveau militaire, ni au niveau stratégique. Ils ont voulu prendre leurs désirs pour des réalités : on voulait que la Russie soit faible, alors on a dit qu’elle était faible. Mais la réalité des faits est différente. L’Ukraine n’est que la pointe de l’iceberg d’un Occident qui continue à rêver de sa grandeur passée et sur le déclin.

Comme je l’ai déjà dit, la faiblesse de l’Ukraine n’est pas dans le nombre d’armes, mais dans la manière de les utiliser. C’est d’ailleurs exactement le même problème pour les pays occidentaux, y compris la Suisse. Pour simplifier, la faiblesse de l’Ukraine ne résulte pas d’un problème de hardware, mais de software.

Jusqu’en 2024, l’Ukraine manquait de cohérence stratégique et opérative. Aujourd’hui, en plus, elle manque de cohésion. Les médias d’opposition ont été interdits en 2021,9 les partis d’opposition ont été interdits et les livres en russe ont été retirés des bibliothèques publiques en 202210 et l’Église orthodoxe russe canonique a été interdite en 2024.11

Nos médias le cachent, mais la population ukrainienne le sait et la volonté de défense disparait. Même le général Zaluzhny, ancien chef des forces ukrainiennes, dit qu’il faut abandonner l’idée de reprendre les territoires de 1991.12 Le nombre de déserteurs n’est pas connu avec précision, mais pourrait atteindre 200’000 selon des sources américaines.13

La situation catastrophique que j’expliquais dans votre journal il y a exactement un an, s’est accentuée. Maintenant que le président Trump a constaté que ce conflit ne menait à rien, sinon à la destruction de l’Ukraine, ses opposants politiques montent au créneau et viennent s’associer à l’Union Européenne. Ainsi le sénateur républicain Lindsey Graham et son alter ego démocrate Richard Blumenthal viennent renforcer la « diplomatie » européenne pour placer encore plus de sanctions contre la Russie et ne pas négocier avec elle.14

En août 2023, Graham avait déjà dit que tant qu’on leur fournirait des armes, les Ukrainiens se battraient jusqu’au dernier15 et qualifié « le soutien à l’Ukraine comme « le meilleur argent que nous ayons jamais dépensé », après avoir noté que « les Russes mouraient ».16 Graham avait déjà appelé à assassiner Vladimir Poutine, devenant ainsi un acteur du terrorisme international.17

18Nos politiciens et nos journalistes continuent à voir le soutien à l’Ukraine comme un « investissement » pour lutter contre la Russie. Comme le disait Blumenthal : « Pour moins de 3 % de notre budget militaire national, nous avons fait en sorte que l’Ukraine réduise de moitié la puissance militaire de la Russie […] sans un seul militaire américain, homme ou femme, qui ait été blessé ou perdu ».

Autrement dit, nous sommes en train de sacrifier l’Ukraine pour satisfaire notre russophobie historique. Un conflit comme celui de l’Ukraine ne peut se résoudre que de deux manières : la victoire décisive de l’un des protagonistes ou la négociation. Dans l’état actuel des choses, comme le dit Zaluzhny lui-même, la Russie est en train d’atteindre ses objectifs et d’aller vers la victoire.

Dans cette perspective, la position européenne a l’avantage de permettre à la Russie d’atteindre de manière maximale ses objectifs et qu’elle aboutira à une situation claire. Je rappelle que si les Occidentaux n’avaient pas obligé Zelensky à retirer sa proposition que les Russes étaient prêts à accepter, l’Ukraine n’aurait plus de troupes russes sur son territoire (à l’exception du Donbass et de la Crimée, que l’accord prévoyait de régler ultérieurement). Autrement dit, la situation de l’Ukraine serait considérablement meilleure aujourd’hui et surtout, elle aurait évité la mort de probablement près de 700’000 ukrainiens.

Merz avait annoncé qu’il livrerait Taurus immédiatement après son élection. Depuis, il est resté silencieux à ce sujet. Savez-vous quelque chose de plus précis à ce sujet ?

Pour l’instant, il ne peut pas livrer ses Taurus, car les Américains ne le veulent pas : ils ne veulent pas risquer une escalade alors qu’ils cherchent une solution au conflit.

La Russie avance depuis longtemps. Poutine cherche-t-il à conquérir totalement les quatre oblasts ? Dans quelle mesure les négociations de paix sont-elles pertinentes avant que cet objectif ne soit atteint ?

Le 24 février 2022, dans son allocution au peuple russe, Vladimir Poutine a énoncé les deux objectifs de son Opération Militaire Spéciale (SVO) : la démilitarisation et la dénazification de la menace contre les populations russes de l’Ukraine.

Il y avait une solution politique au problème : les accords de Minsk, signés en février 2015 par l’Ukraine et garantis par l’Allemagne et la France. Or, les Occidentaux, et ces deux pays en particulier, n’ont pas respecté leur engagement d’encourager l’Ukraine à appliquer ces accords. Ces deux pays n’ont respecté ni leurs parole, ni le droit international, ni les Ukrainiens, qu’ils continuent à considérer aujourd’hui comme de la « chair à canon ». Ils ont une longue tradition dans ce domaine.

En 2021, deux événements auraient dû faire réagir les Occidentaux : le décret de Zelensky du 24 mars 2021 pour la reconquête de la Crimée et du Donbass19 et la loi du 1er juillet 2021 sur les peuples autochtones, qui donne moins de droits aux Ukrainiens d’origine russe qu’aux autres ukrainiens.20

Du décret de mars 2021 a découlé la menace militaire en février 2022, qui a conduit la Russie à intervenir, exactement comme en 2008 en Géorgie. L’objectif de « démilitarisation », défini par Vladimir vise cet aspect de la menace. Il a été atteint au printemps 2022 avec la destruction de l’armée ukrainienne, qui poussée Zelensky à demander les négociations d’Istanbul.

Les Européens sont intervenus pour que Zelensky retire sa proposition d’accord contre des fournitures d’armes pour reconstituer l’armée ukrainienne. Aujourd’hui, la Russie a ajusté ses objectifs à la situation : la destruction du potentiel militaire ukrainien, la création d’une zone-tampon le long des territoires pris par la Russie et l’exigence de neutralité de l’Ukraine en sont la conséquence.

La loi de juillet 2021 n’est qu’une des manifestations des discriminations qui ont été imposées par les autorités non-élues de Kiev depuis 2014. Elles justifient l’intégration des quatre oblasts (Kherson, Zaporozhie, Donetsk et Lougansk) dans la Fédération de Russie fait partie de l’objectif de « dénazification » déclaré par Vladimir Poutine.

Ce qui est frappant est l’ignorance, le manque de culture et de connaissance de nos journalistes et politiciens occidentaux, qui n’agissent qu’en fonction de la propagande de Zelensky, même lorsqu’elle est contre dite par certains médias ukrainiens. En d’autres termes, nos « commentateurs », tous autant qu’ils sont, méprisent profondément le peuple ukrainien. Ce sont eux qui ont détruit l’Ukraine et l’ont poussée vers le désastre.

Comme je l’ai déjà dit, il y a actuellement une résistance qui grandit en Ukraine et qui aura certainement des répercussions contre ceux qui ont systématiquement menti sur le conflit en présentant la Russie comme un adversaire plus faible qu’il n’est en réalité et ainsi induire le monde en erreur. Ces journalistes et politiciens sont profondément méprisables et devraient être punis pénalement.

La réunion des bonnes volontés s’est terminée par une demande de trêve de 30 jours. On a de plus en plus l’impression que la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la Pologne continuent à se mettre en scène et ne veulent pas renoncer à leur politique de guerre. Quel rôle les Etats-Unis leur accorderont-ils dans un éventuel processus de paix ?

Le problème central est que les Européens refusent de négocier avec la Russie. C’est pourquoi ils veulent un cessez-le-feu « sans conditions », ce qui signifie qu’ils refusent de lier ce cessez-le-feu avec un processus de négociation. Les Occidentaux ne cherchent pas la paix, mais une pause qui permette de réarmer l’Ukraine ou éventuellement d’y déployer des troupes, avant de reprendre les hostilités.

Les Russes veulent une solution qui soit négociée et qui traite les questions fondamentales de la crise (démilitarisation et dénazification). C’est la raison pour laquelle ils perçoivent relativement positivement l’initiative de Donald Trump. « Relativement », parce que Trump n’a pas de stratégie. Son envoyé spécial Keith Kellogg, n’a rien compris au conflit, c’est pourquoi il a été remplacé par Steve Witkoff, mais ils ne sont arrivés à rien, car ils pensaient qu’il suffisait d’arriver avec un « plan » pour tout s’arrange comme par miracle.

Les Américains sont arrivés avec l’idée d’un « cessez-le-feu » et pensaient pouvoir l’imposer comme en Palestine. Dans le vocabulaire occidental « cessez-le-feu » est devenu synonyme de « paix ».21 Mais en Palestine, le cessez-le-feu accepté (mais pas respecté, comme d’0habitude) par Israël était aussi et surtout le point de départ d’un processus, dont les phases 2 et 3 devaient encore être négociées. Or, ce n’est pas le cas pour l’Ukraine.

En réalité, les Occidentaux n’ont jamais évoqué l’idée qu’un cessez-le-feu puisse conduire à un processus de paix. Dans ces conditions, on ne voit pas très bien quel pourrait être l’intérêt des Russes d’accepter un cessez-le-feu sans aucune contrepartie. Le 14 juin 2024, le président Poutine a expliqué les conditions pour commencer un processus de négociation : 1) retrait des forces Ukrainiennes des quatre oblasts et 2) renonciation à entrer dans l’OTAN ; si le président Zelensky est d’accord avec ces deux conditions, un cessez-le-feu sera immédiatement décrété et des négociations sur un processus de paix pourront commencer.

Contrairement à ce que racontent nos médias, ce n’est pas parce que les Russes avancent qu’ils refusent de négocier, mais parce que les conditions pour commencer le processus de négociation ne sont pas remplies.

Le vrai problème est que ni Zelensky, ni les Européens ne sont prêts à s’engager dans un processus de négociation. En septembre 2022, après qu’Ursula von der Leyen a déclaré lors de son discours sur l’état de l’UE, qu’il ne pouvait pas y avoir ni dialogue ni apaisement avec la Russie,22 le Conseil National de Sécurité de l’Ukraine a décidé, le 30 septembre 2022, d’interdire toute négociation avec la Russie.

Cette décision a fait l’objet d’un décret publié le 4 octobre 2022, qui n’a jamais été abrogé. En d’autres termes, les Ukrainiens ne sont pas habilités à négocier une paix avec la Russie, et les Européens n’ont pas conseillé à Zelensky d’annuler ce décret. Par conséquent, les Russes ne savent pas si un processus de négociation illégal selon la loi ukrainienne peut être considéré comme valide…

À défaut de négociations sur la substance, Russes et Ukrainiens ont accepté de travailler sur des « mémorandums » qui expliquent leur position sur un éventuel accord de paix, et on a accepté un échange de prisonniers sur la base de « 1000 pour 1000 ». En réalité, les Ukrainiens n’ont pas assez de prisonniers de guerre pour cet échange et ont dû ajouter des « prisonniers » civils…

Mais il n’y a eu encore aucune négociation sur la substance. Les Russes travaillent sur leur mémorandum et sur un calendrier possible des négociations. Rien ne permet de savoir si les Ukrainiens travaillent sur le leur. En fait, Zelensky et les Européens craignent que Donald Trump abandonne l’Ukraine, car l’aide américaine n’a pas de substitut. C’est pourquoi ils insistent pour un cessez-le-feu sans condition qui pousserait les Américains à rester.

Comment faut-il interpréter le résultat du premier cycle de négociations ?

Il n’y a eu aucune négociation de paix à ce stade ! Il y a eu un dialogue entre Américains et Russes pour remettre en place une communication diplomatique. Les mémorandums préparés par les deux parties devraient permettent d’initier des négociations.

Jusqu’à présent, les États-Unis ont joué le rôle de médiateur, car Trump considère que ce conflit est celui de Biden. Mais il se pourrait que les Russes préfèrent un autre médiateur. C’est probablement la raison pour laquelle le Vatican pourrait jouer ce rôle, même si les Russes ne sont pas très enthousiastes.

Les Russes ont salué le rôle des États-Unis, mais ils ont très bien compris que ces derniers ne travaillent que pour leurs intérêts. Trump utilise la menace de sanctions pour tenter de pousser les protagonistes vers une solution. Les Russes ne sont cependant pas dupes et contrairement aux apparences, ils n’ont pas beaucoup d’attentes concernant une amélioration des relations avec les États-Unis.

Comme l’a dit Serguei Lavrov, ils ne s’attendent (et ne demandent) pas une levée des sanctions. En fait, les sanctions ont donné un coup de fouet à l’économie russe et les sanctions massives que promet Lindsey Graham risquent de plus mettre en difficulté les Occidentaux que la Russie elle-même.

Il est donc probable que l’on s’achemine vers une solution du conflit sur le champ de bataille, comme l’avait déclaré Josep Borrell, ancien responsable des Affaires étrangères de l’Union Européenne.

Monsieur, je vous remercie pour cet entretien.
Interview réalisée par Thomas Kaiser

Interview parue en allemand dans « Zeitgeschehen im Fokus » No 8 du 29/05/2025

*Jacques Baud est titulaire d’un master en économétrie et d’un diplôme post grade en sécurité internationale de l’Institut universitaire des relations internationales de Genève. Il était colonel de l’armée suisse.  Il a travaillé pour le Service de renseignement stratégique suisse et a été conseiller pour la sécurité des camps de réfugiés dans l’est du Zaïre pendant la guerre du Rwanda (UNHCR – Zaïre/Congo) (1995-1996). Il a travaillé entre autres au sein de l’OTAN en Ukraine et est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les services de renseignement, la guerre asymétrique, le terrorisme et la désinformation.

  1. https://defencesecurityasia.com/en/dassault-stocks-plunge-amid-rafale-loss-allegations-in-india-pakistan-conflict-chinese-j-10c-sees-market-surge/ ↩︎
  2. Thomas Zaugg & Benedict Neff, « Deswegen sage ich: Russland wird den Krieg im Oktober verloren haben », NZZ, 27 mars 2023 (https://www.nzz.ch/feuilleton/marcus-keupp-deswegen-sage-ich-russland-wird-den-krieg-im-oktober-verloren-haben-ld.1731488?reduced=true&mktcval=Twitter&mktcid=smsh) ↩︎
  3. « Guerre en Ukraine: “L’armée de Poutine sera vaincue au plus tard en octobre” », La Libre, 4 avril 2023 (https://www.lalibre.be/international/europe/guerre-ukraine-russie/2023/04/04/guerre-en-ukraine-larmee-de-poutine-sera-vaincue-au-plus-tard-en-octobre-B252W43RBBGDPB5YSCBUNFDY7Y/) ↩︎
  4. https://www.eucom.mil/document/42351/gen-christopher-g-cavoli-2023-posture-statement-to-the-hasc ↩︎
  5. https://kyivindependent.com/new-brigade-bears-heavy-brunt-of-russias-onslaught-in-kharkiv-oblast/ ↩︎
  6. https://www.msn.com/en-ie/money/technology/germany-s-leopard-2-tanks-have-failed-on-ukraine-s-battlefields/ar-AA1CSs9C ↩︎
  7. https://www.businessinsider.nl/us-supplied-himars-completely-ineffective-against-superior-russian-jamming-technology-report-says/ ↩︎
  8. https://www.businessinsider.com/us-gave-up-sending-ukraine-100k-excalibur-shells-hit-targets-2024-5 ↩︎
  9. https://europeanjournalists.org/blog/2021/08/26/ukraine-president-bans-opposition-media-strana-ua-and-sanctions-editor-in-chief/ ↩︎
  10. https://www.lemonde.fr/en/m-le-mag/article/2024/03/10/no-more-pushkin-dostoyevsky-or-tolstoy-ukrainian-libraries-clean-out-shelves_6603661_117.html ↩︎
  11. https://www.rferl.org/a/ukraine-russia-orthodox-religion-ban/33091200.html ↩︎
  12. https://english.nv.ua/russian-war/drop-hopes-of-reclaiming-1991-borders-zaluzhnyi-50516242.html ↩︎
  13. https://apnews.com/article/deserters-awol-ukraine-russia-war-def676562552d42bc5d593363c9e5ea0 ↩︎
  14. https://english.nv.ua/business/eu-to-coordinate-new-russia-sanctions-package-with-us-french-fm-barrot-50510828.html ↩︎
  15. https://www.facebook.com/RevolutionIreland/videos/senator-lindsey-graham-who-has-been-up-to-his-tits-in-ukraine-since-2016httpsrig/1218472818909921/ ↩︎
  16. https://www.newsweek.com/lindsey-graham-appears-say-russians-dying-best-money-weve-ever-spent-1803073 ↩︎
  17. https://thehill.com/homenews/senate/596843-graham-calls-for-somebody-in-russia-to-take-putin-out/ ↩︎
  18. https://responsiblestatecraft.org/ukraine-war/ ↩︎
  19. https://www.president.gov.ua/documents/1172021-37533 ↩︎
  20. https://apnews.com.ua/ua/news/nardep-vid-slugi-narodu-seminskii-zayaviv-pro-pozbavlennya-konstitutciinikh-prav-rosiyan-yaki-prozhivaiut-v-ukraini/ ↩︎
  21. https://www.france24.com/fr/%C3%A9missions/ici-l-europe/20250328-alexander-stubb-vladimir-poutine-ne-veut-pas-de-paix-ni-de-cessez-le-feu ↩︎
  22. https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/SPEECH_22_5493 ↩︎